Pour certains jeunes, TikTok vaut mieux que les études

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Autrefois, le matin commençait par le chant du coq, les casseroles qui s’entrechoquent, ou la radio du voisin à fond sur une chanson de rumba des années 80. Mais aujourd’hui, à Miti, Kavumu, Mudaka ou Katana, c’est un autre son qui réveille les jeunes: le bip-bip des notifications TikTok.

TikTok, la nouvelle priorité ?

Dans ces coins les plus animés de Kabare, un phénomène prend de l’ampleur : TikTok est devenu la principale occupation de nombreux jeunes, surtout des filles âgées de 15 à 25 ans. À la fontaine, dans les ruelles, au bord des marchés ou même dans les salles de classe, on les surprend souvent en train de faire des chorégraphies, des mimiques ou des sketchs — le téléphone bien en main, caméra frontale activée.

Les garçons ne sont pas totalement absents, mais ce sont surtout les filles qui mènent la danse. Et là, une question revient sans cesse chez les adultes : d’où viennent tous ces smartphones haut de gamme ? Et qui paie les crédits internet qui permettent de passer la journée sur TikTok ?

Certains parents jurent n’avoir jamais acheté un téléphone à leur enfant. Et pourtant, leur fille filme trois vidéos par jour en qualité HD, avec filtres et montages dignes d’une mini-agence de production. Les rumeurs vont bon train : petits amis attentionnés ? combines bien ficelées ? Ou simple miracle de la débrouille kabaroise ?

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Quand la 4G remplace le cahier

Pendant que les professeurs tentent d’expliquer les fonctions mathématiques ou les règles de grammaire, certaines élèves sont davantage concentrées à capter la meilleure lumière pour leur prochaine vidéo. À Kavumu, une enseignante raconte avoir surpris une élève en train de faire un tuto coiffure derrière le tableau noir.

À Mudaka, il n’est pas rare de voir deux ou trois jeunes filles se disputer un coin tranquille pour filmer une danse. Et pendant ce temps… les cahiers prennent la poussière.

La scène est partout

Le marché de Katana devient un plateau de tournage. Les routes de Miti, un défilé de mode improvisé. Même les stations de bus ou les escaliers en pierre sont transformés en décors urbains. Avec ou sans musique, chaque lieu est prétexte à créer du contenu.

Et gare aux chèvres qui traînent : elles risquent de se retrouver en arrière-plan d’une vidéo virale !

Et pourtant…

Derrière les pas de danse, les grimaces, les imitations et les filtres exagérés, il y a une énergie débordante. Une créativité spontanée. Un besoin profond d’expression. TikTok est pour ces jeunes filles un lieu où elles existent, s’affirment, rêvent. Là où l’école ou la maison ne leur donnent parfois pas cet espace.

Mais si cette énergie était canalisée ?

Et si ces jeunes utilisaient TikTok pour présenter les produits de leurs familles commerçantes ? Pour partager des astuces agricoles, expliquer une leçon, parler de santé, promouvoir une activité locale ?

Avec un peu de formation et beaucoup d’imagination, qu’elles ont déjà en abondance, TikTok pourrait devenir un outil puissant d’éducation, de sensibilisation, d’entrepreneuriat, voire de recherche.

Aujourd’hui, TikTok amuse, inquiète parfois les parents… mais demain, bien orienté, il pourrait aussi transformer la vie des jeunes de Kabare.

✍️ Pascal M. Ki-Moon PMK, journaliste et blogueur au compte de JEUNESSE ET DÉVELOPPEMENT

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