Quand il n’y a pas de connexion internet, les jeunes entrent en mode survie (Chronique humoristique)

Dans un coin de Kabare, décembre dernier… ou comme certains l’ont baptisé : le "Jour sans connexion".
Pour être honnête, personne ne se rappelle exactement quand ça s’est produit. C’était peut-être un lundi, peut-être un mardi, ou juste un jour maudit où la connexion a décidé de faire grève.
Ce dont on est sûrs, c’est que c’était quelques jours avant la fête du Nouvel An 2025, ce moment où tout le monde prépare ses festivités, alors que certains jeunes, eux, préparaient surtout leur survie… sans internet.
Il est 8h12 du matin quand le drame survient. Tout commence par un détail : un téléphone qui ne charge plus la story, une page WhatsApp qui refuse de s’ouvrir, un cercle qui tourne… tourne… puis s’arrête. La connexion internet a disparu. Brutalement. Sans prévenir. Kabare entre alors dans ce que les spécialistes appellent "l’obscurité numérique".
En bon duo de terrain, mon confrère journaliste et moi-même avons chaussé nos sandales de reporter pour aller à la rencontre des victimes de cette coupure tragique. Ce n’était pas une guerre. Pas une crise politique. C’était bien pire : une panne de data.
Une jeunesse sans signal, mais en détresse
Nous avons d’abord trouvé un groupe de jeunes filles, assises devant une maison, le regard perdu. Des téléphones dans les mains, mais plus de raison de les tenir.
« TikTok ne veut plus s’ouvrir… je crois que c’est la fin », nous souffle l’une d’elles, visiblement bouleversée.
« J’avais une vidéo prête, une danse synchronisée… tout est fichu maintenant », ajoute une autre, les larmes presque aux yeux.
Certaines nous parlaient comme si nous étions des psychologues venus en urgence. D’autres préféraient garder le silence. La douleur était encore trop fraîche. Plusieurs jeunes, d’ailleurs, ont refusé de se confier, écrasés par le désespoir. Ils ont simplement hoché la tête. L’un d’eux a même dit :
« Vous ne pouvez pas comprendre. C’est comme… la mort. »
Tentative de dialogue intergénérationnel (presque réussie)
Face à cette ambiance post-apocalyptique, nous avons tenté une manœuvre audacieuse : replacer la coupure d’internet dans l’histoire humaine.
Nous leur avons expliqué, très sérieusement, que leurs aînés, il y a à peine trente ans, n’avaient jamais connu TikTok, WhatsApp, ni même Google.
Qu’à l’époque, pour communiquer, il fallait marcher jusqu’à chez quelqu’un. Qu’un rendez-vous se donnait sans message de confirmation. Et que quand tu perdais ton chemin, tu demandais à un adulte. En vrai.
Certains ont écarquillé les yeux, comme si nous parlions d’un film de science-fiction.
« Donc… vos grands frères vivaient comme ça ? Et ils sont toujours vivants ? », s’étonne un jeune garçon, avec un mélange d’admiration et de pitié.
D'autres ont simplement cligné des yeux, puis remis leur regard dans le vide, attendant le retour du réseau comme on attend la pluie en saison sèche ou encore au désert. Il y a ceux qui ont compris… et ceux qui n’étaient pas prêts.
Quand le réseau revient… la vie (re)plonge
Vers midi, le miracle a eu lieu. Une barre. Puis deux. WhatsApp recommence à vibrer. TikTok relance ses sons. Les visages s’éclairent. Les pouces recommencent leur danse frénétique. Le quartier reprend vie. Ou plutôt, replonge dans la vie numérique.
Mais quelque chose a changé. Pendant ces quelques heures, certains jeunes ont levé la tête. Vraiment. Ils ont vu leurs voisins. Le ciel. Le silence. Ils ont découvert l’ennui… et peut-être aussi un peu de lucidité.
Nous sommes repartis, un peu secoués, mais convaincus d’une chose :
Le jour où internet coupe, la jeunesse bugue. Mais peut-être qu’au fond, ce n’est pas si grave.
Par Pascal Marhegane Ki-Moon, journaliste, blogueur et humoriste, au compte de JEUNESSE ET DÉVELOPPEMENT
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