Kaburha, entre montagnes majestueuses et défis quotidiens


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Niché au cœur des collines verdoyantes de Cibumbiro, dans le groupement de Mudaka (territoire de Kabare), le sous-village de Kaburha offre des paysages à couper le souffle. Ses montagnes se font face comme dans un tableau vivant, et les champs s’étendent à perte de vue. Le climat est doux, la terre est riche, et les habitants, profondément attachés à leur terre, ont toujours trouvé dans l’agriculture un moyen de vivre dignement.

Dans ce coin encore préservé du bruit des villes, la vie semblait paisible. Mais aujourd’hui, la réalité se teinte d’inquiétude.

🌱 Une terre généreuse, une jeunesse engagée

À Kaburha, on cultive du manioc, des haricots, des oignons, des patates douces... Ces produits de base ont longtemps permis aux familles de nourrir leurs enfants et de payer la scolarité, même dans la modestie. Les jeunes, eux aussi, participent à cet équilibre.

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Justin, 18 ans, a préféré entreprendre plutôt que s’apitoyer. Chaque matin, il prépare et vend des begnets (beignets) sur un petit sentier :

« Je me lève tôt pour faire mes beignets. L’huile coûte cher maintenant, mais je fais de mon mieux. C’est avec ça qu’on achète le riz à la maison et que mes petits frères vont à l’école.»

Il rit doucement, même si ses yeux trahissent la fatigue :

« Parfois je vends tout, parfois rien. Mais je continue, parce que je n’ai pas le choix. »

👣 Enfants courageux, responsabilités précoces

Plus loin, nous croisons Binja, 11 ans, avec sa petite sœur et leur ami. Ils reviennent d'une source d'eau:

« On va chercher de l’eau chaque matin. L’école est loin, mais on y va quand même », explique-t-elle avec une maturité impressionnante.

Son camarade ajoute :
« On veut apprendre, mais quand il n’y a pas à manger à la maison, c’est dur de se concentrer. »

Ces enfants font preuve d’une résilience silencieuse. Ils rient en marchant, mais chacun porte déjà sa part de poids.

⚠️ Une crise silencieuse qui vide les champs

Malgré les atouts naturels, la crise économique fragilise la communauté. Les prix des produits agricoles ont chuté, et les efforts des paysans ne sont plus récompensés.

« On vend un sac de manioc comme si on le donnait. On n’a plus le courage de cultiver comme avant », confie un agriculteur.

Certains champs autrefois actifs sont désormais laissés en friche.

« Pourquoi semer si tu n’as même pas de quoi acheter un savon après la récolte ? » questionne un ancien.

Ce découragement gagne du terrain, en silence. Dans ce décor majestueux, les assiettes sont parfois vides, et l’énergie de cultiver s’amenuise.

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📝 Un potentiel à réveiller

Kaburha a tout pour offrir une vie meilleure à ses habitants : une nature généreuse, une jeunesse courageuse, une terre fertile. Mais sans encadrement, sans marché stable pour écouler les produits, et sans soutien, l’équilibre devient fragile.

Ce coin, aussi beau qu’il soit, ne demande pas la charité : il réclame juste la chance de vivre dignement de ce qu’il sait faire.


Pascal Kim Wa Marhegane Ki-Moon, journaliste et blogueur au compte de JEUNESSE ET DÉVELOPPEMENT 

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